Dark-Fire

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Des cendres renait le feu...

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    Background: Faust, ou le vieil homme et la mort

    Astaroth
    Astaroth


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    Message  Astaroth Ven 4 Nov - 18:09

    Tout débuta pour moi un jour de pluie.
    Une pluie drue et puissante comme peuvent l'être les pluies d'automne.
    Cette pluie tombait presque incessante sur le cimetière marin de Caer An Mor, petit village habité par de farouches pêcheurs de la côte ouest.
    Mon berceau fut trouvé sur d'anciens tombeaux usés par le temps, les vagues et la pluie. Les inscriptions étaient depuis longtemps effacées et l'on n'y distinguait même plus les sillons creusés dans le granit brut.

    Le vieil homme qui m'a trouvé s'appelait Faust. C'était un être étrange à tous points de vue. Il avait un corps décharné et filiforme qu'on aurait cru pouvoir casser simplement entre ses doigts mais qui faisait preuve d'une force et d'une solidité désarmante. Il avait des yeux bleus très pâles, presque gris, recouverts par un voile blanc qui témoignait de sa cécité. Sa voix était grave et constante, sans haussement de tons ni changement de notes. Il semblait sans âge, comme s'il était usé par une existence séculaire qui ne semblait vouloir jamais s'arrêter.

    Il m'a recueilli par bonté et m'a élevé. C'est auprès de lui que j'appris à parler, à marcher, à lire et à écrire.
    Nous habitions alors dans la cahute du cimetière marin, au beau milieu de caveaux, de tombes et de mausolées caressés par la mer.
    J'ai vécu mon enfance dans l'ignorance la plus parfaite du monde extérieur, mon univers se limitait uniquement aux imposantes grilles de fer forgé qui marquaient alors l'entrée du cimetière ainsi qu'au rivage sablonneux qui en définissait la fin. Je ne savais du reste du monde que ce que je pouvais en lire dans la maigre bibliothèque du vieillard.
    J'appris très vite à me débrouiller par mes propres moyens pour me nourrir; Faust étant aveugle, la tâche m'incombait donc de subvenir à nos besoins à tous les deux.
    J'ai alors commencé a emprunter les chemins hors des sentiers battus. Je récupérais pour moi et le vieil homme les offrandes que les pêcheurs adressaient à leurs morts ou à leurs dieux païens des océans. Je m'arrangeais pour ne jamais me faire voir et nous avons vivoté ainsi quelques années.

    Quand je fus plus grand et que nos besoins allèrent croissant, je pris l'habitude de détrousser discrètement les visiteurs des défunts ainsi que ceux qui assistaient aux enterrements. Je sortis donc pour la première fois de mon cimetière pour vendre ce que je récoltais auprès de marchands itinérants. Avec l'argent gagné, j'arrivais alors nous nourrir, nous habiller et nous chauffer pour les longues et humides soirées d'hiver.
    A cette époque, Faust et moi eûmes mille et une occasion d'assister à des enterrements et je vis donc passer sous mes yeux plus de cadavres que je ne saurais en dire. J'appris donc à côtoyer la mort de près et à vivre avec sa présence constante autour de moi.
    Le vieillard semblait toujours aussi immuable et inaltérable, il ne vieillissait guère et me semblait éternel.

    A la fin de ma vingtième année, je lui manifestais mon envie de sortir de ce cimetière de pierre et d'explorer le vaste monde. Il me dit alors d'aller creuser au pied des tombes où il m'avait trouvé enfant et de lui rapporter ce qu'il y avait caché en prévision de mon départ. Sans poser plus de questions, je me suis exécuté. J'ai retourné la terre humide et noire au pied des tombes ancestrales et y ait trouvé après quelques minutes d'effort un objet surprenant.
    C'était une faux faite de pierre et de métal sombres, décorée avec finesse dont la lame terriblement aiguisée luisait comme si elle n'avait jamais séjourné sous terre. L'arme n'était pas lourde et semblait avoir été conçue pour mon bras. Je la soulevais sans difficulté et la fis tourner plusieurs fois autour de moi avec aisance. Emerveillé de cette découverte, je couru dans la cahute retrouver le vieil homme et le remercier de son attention.
    Lorsque j'entrais dans la masure, je fus frappé par l'obscurité et l'absence de vie qui y régnait.
    Mon regard fut attiré par une forme étrange présente dans un coin de la pièce. En m'approchant un peu je finis par distinguer un cadavre peu ordinaire. Il était comme momifié pour l'éternité. Il portait au doigt une bague de métal grisâtre que je reconnus au premier coup d'oeil pour l'avoir touchée des centaines de fois. Une couche de peau fine lui creusait les traits mais je distinguais tout de même nettement sous ce visage de défunt celui qui avait été un père pour moi. Faust était mort.
    Il revêtait l'aspect d'un homme ayant trépassé depuis bien des années, mais il était conservé par un quelconque miracle funeste incompréhensible. Il tombait en poussière mais ne semblait même pas frappé par l'habituelle décomposition qui touche les défunts.
    A ses côtés était déposé un livre sur lequel étaient griffonnés quelques mots dans un écriture fine et soignée que je savais la sienne:

    Gardien des damnés et esprit de ces lieux, jamais je ne les quitte.
    Que ceux qui t'ont amenés à moi en soient remerciés.
    Adieu mon fils.
    En lisant ces lignes, je suis tombé à genou en pleurs.
    Je suis resté ainsi trois longues nuits et deux journées. Au matin du troisième jour, je me suis relevé, j'ai creusé un trou suffisamment large au centre des vieilles tombes ou gisait la faux et j'y ai déposé le corps du vieil homme ainsi que sa bague et ses vêtements. J'ai gravé dans le granit son nom puis suis retourné dans la cahute.
    J'ai alors pris un sac pour mon voyage, accroché la faux par un harnais derrière mon dos et me suis dirigé vers la sortie du cimetière.
    En jetant un dernier regard à la tombe du vieil homme, je franchis la grille de fer puis je pris la route direction plein nord.
    L'aube pointait à peine derrière les nuages.

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